Dans la traversée d’un projet ou d’une thérapie, il est un outil aussi simple que précieux : la balance décisionnelle. Derrière cette appellation un brin austère se cache une méthode d’une redoutable efficacité pour sortir de l’indécision, clarifier ses choix, et s’engager — pleinement, librement, lucidement.
Un outil simple et précieux pour sortir de l’indécision
Le principe ? Énumérer les avantages et les inconvénients d’une décision ou d’un comportement. D’un côté, ce que l’on gagne à changer ; de l’autre, ce que l’on perd à rester immobile — ou inversement. On couche les choses par écrit, noir sur blanc, pour cesser de ruminer et commencer à voir clair. Ce que le professeur Amine Benyamina résume avec justesse : cette culture des pour et des contre, très anglo-saxonne à l’origine, permet une mise à distance salvatrice. L’émotion, en se posant sur le papier, se transforme peu à peu en réflexion. On objectivise ce qui nous semblait insurmontable. On regarde le problème avec un œil neuf — presque étranger — et l’on découvre qu’il n’était peut-être pas si épineux, ou du moins, pas insoluble.
Une méthode en voie de démocratisation
En France, cet outil commence tout juste à faire son chemin. Longtemps considéré comme un réflexe étranger, voire « mécanique », il trouve aujourd’hui sa place, porté par les applications de développement personnel, les podcasts de psy, ou même… les séries télévisées. Qui n’a jamais vu un personnage dresser une liste pour savoir s’il doit reconquérir son ex ? Ce rituel presque comique — « Les pour : il me fait rire. Les contre : il m’a quittée pour ma cousine » — participe à démocratiser la démarche, en la rendant concrète et familière.
La puissance d’un plan d’action structuré
Mais pour qu’elle ne reste pas un simple exercice ponctuel, la balance décisionnelle gagne à être accompagnée d’un plan d’action. Ce plan, idéalement structuré en objectifs à court, moyen et long terme, permet de transformer la prise de conscience en véritable dynamique. À court terme, on note une action simple : « arrêter d’envoyer des messages impulsifs ». À moyen terme, on se fixe un cap : « retrouver de la stabilité émotionnelle ». Et à long terme, on se projette : « être capable de nouer une relation sereine et respectueuse de mes besoins ».
Redevenir acteur de ses choix
En thérapie comme en entreprise, cet outil est un tremplin vers le mouvement. Il remet la personne au centre de la décision. Elle ne subit plus : elle choisit. Elle ne navigue plus à vue : elle trace sa route, pas à pas.
Et si l’on devait résumer la balance décisionnelle en une image, ce serait celle du bilan anciennement fait chez le notaire ou le curé du village : un moment de pause, de lucidité, où l’on pèse, non pas avec la peur de mal faire, mais avec le désir de mieux être. Un outil du passé revisité par le présent — et probablement indispensable à l’avenir.
